L'Iran pratique la peine de mort par pendaison, en public. Ces trois images proviennent de l'édition du 3 août de l'International Herald Tribune.
Elles montrent des exécutions dans 2 lieux différents Elles on été prises par trois photographes d'agence : Halabisaz d'Associated Press, Vahid Salemi d'Associated Press et Raheb Homavandi de Reuters. Ce sont probablement des photographes iraniens, correspondant de ces deux agences.
Ces photos sont tout d'abord intéressantes car elles ne sont accompagnées que d'un petit texte. Elles n'illustrent pas un article, elles sont l'article.
Pourtant, seule une des photos montre les condamnés. Et encore, par respect sûrement, elle ne montre pas leur visage. Ceci a pour effet de donner un caractère général à cette image : ce n'est pas l'exécution d'une personne en particulier que l'on nous montre, mais une exécution comme il s'en déroule de plus en plus dans ce pays.
L'autre point intéressant (encore plus que le premier) est l'attention portée au public. Ce sont des exécutions qui se déroulent sur des places publiques, où chacun peut venir. Ce public qui vient observer la mort des gens (presque comme nous qui voyons ces images d'ailleurs) intéresse les photographes.
Il les intéresse tout d'abord par un jeu de miroir. Ces gens qui viennent assister à une exécution revoient un peu le photographe devant son rôle d'observateur: pourquoi lui pourrait-il assister à cela comme observateur neutre et pas le reste du public? Ils font aussi office de miroir qui nous montre la scène sans nous la montrer vraiment. Pudiquement ou cyniquement, la limite est floue, nous ne voyons pas une exécution, mais des gens qui en voient une.
La seconde photo de la série est la plus symbolique :
Elle montre des bras qui se lèvent dans la foule du public pour photographier l'exécution.
Prendre en photo ce genre d'événement n'est pas nouveau. Les blancs américains aimaient se faire prendre en photo à côté des condamnés à la pendaison et même à côté des cadavres des noirs lynchés par le Ku Klux Klan. Mais désormais la technologie facilite la tâche aux apprentis photographes. Les appareils numériques, voire les téléphones portables bénéficiant de la fonction photo, font que cette capture de l'événement marquant est immédiate.
Les images de l'exécution sont prêtes à circuler sur les blogs des uns et les téléphones mobiles des autres. Plus besoin du journal pour faire vivre cet événement à ses proches et amis, le spectateur se transforme en acteur de l'information, pour le meilleur et pour le pire.