Fabrication d'huile de palme en Tanzanie
Les quatres femmes plaisantent entre elles. En swahili, pour que le visiteur, elles disent "Karibu", bienvenue. En haya, parcequ'il répond avec un drôle d'accent, elles se demandent d'où ils vient et elle rient. Elles sont réunies pour fabriquer de l'huile de palme, un des rares produits qui permettent d'apporter un peu de variété dans la nourriture des habitants de la Kagera, dans le Nord Ouest de la Tanzanie.
L'odeur âcre des fruits de palme qui cuisent s'élève d'une vieille bassine en feraille couverte de suie. La présence du feu ajoute à la chaleur étouffante et humide du début d'après-midi.
La chaleur est épaisse, on pourrait la toucher. La femme qui semble la plus jeune s'empare d'un pilon en bois et frappe dans une grosse barate fendue. Les fruits s'écrasent petit à petit, la pulpe se sépare du noyau (le karité). De temps à autres, elle fait une pose car ce travail est épuisant. En sueur elle s'assied pour mâcher un des fruits. La pulpe a un petit goût âpre et huileux. Le noyau ressemble un peu à une noix de coco en miniature, désagréable si on en mange trop.
Séparé grossièrement à l'aide d'une grande cuillère, l'huile est enfin filtrée à l'aide d'un petit bout de grillage et d'un bout de tissu un peu lâche placés dans une calebasse coupée en deux.
Au bout de deux heures et demies de travail, moins de deux litres d'huile à friture se retrouvent dans un vieux bidon blanc. Le résultat de ce dur labeur semble dérisoire mais ne l'est pas. Pour quelques dollars le litre, il permettra d'améliorer sensiblement le quotidien de ces femmes et de leur famille.
Au bout d'une petite route de terre rouge, au milieu des bananiers, entre deux cases bringuebalantes et au fond d'un vielle casserole d'aluminium se dévoile le visage besogneux d'une Afrique trop souvent oubliée, celle des femmes.