La photo de presse est un exercice particulier. Le principe de base, illustrer un fait de société ou un événement qui sera couvert par les médias, semble simple. Mais une image réussie doit à la fois répondre aux règles de la photographie en général (lumière, composition, etc..) et retenir l'attention du lecteur par son contenu.
La photographie de presse a alors deux principales options qui à la fois s'affrontent et peuvent coexister dans une même image.
La première option pour retenir l'attention du lecteur-spectateur, est de le surprendre. Il faut alors lui montrer quelque chose d'exceptionnel, qu'il ne connaît pas, ou lui montrer quelque chose qu'il connaît mais sous un angle nouveau, inattendu ou spectaculaire (ou les trois à la fois).
La seconde option est justement l'inverse. Le photographe peut faire le choix de montrer au lecteur une image qui en rappelle une autre. Même si il illustre un événement nouveau, il peut faire le choix d'utiliser la mémoire visuelle du lecteur pour lui transmettre le message de ce nouvel événement.
Du coup, parfois les images semblent se répéter. C'est le cas avec cette image du New York Times, créditée Rina Castelnuovo et publiée dans la sélection hebdomadaire du Monde (daté samedi 8 septembre).
Les enfants qui fouillent dans les décharges pour survivre sont un thème souvent abordé en photojournalisme. Les plus grands s'y sont frotté (James Nachtwey par exemple comme on peut le voir dans une scène du film War Photographer).
Souvent la manière de l'aborder est un peu la même : le photographe montre l'enfant de face, centré (ce qui va à l'encontre des règles "traditionnelles" de la photo) au milieu d'un tas d'ordures.
C'est aussi le cas par exemple sur cette image de Claire Jager primée au concours Paris Match du photoreportage étudiant (reportage sur la décharge de la Rivière des succès au Cambodge). La ressemblance est frappante.
Contraste entre la joie du gamin de poser un instant et son environnement sale et repoussant.
Contraste entre la permanence de ces photos et l'instant éphémère qu'elles captent.
Contraste finalement entre notre vie et la sienne.
L'intérêt est que bien qu'elles se répètent, ces images ne perdent pas de leur force. Le décalage reste le même et les images aussi.
Le reportage de Claire Jager, visible ici.
Un autre "Inside the Picture" sur une image de Rina Castelnuovo.
Ces photographies sont issues de parutions de presse, leur diffusion ici l'est à titre d'information et d'explication sur leur signification. L'auteur de ce blog tient à marquer son attachement au droit d'auteur.