Six à trois à la mi-temps, dix à cinq au coup de sifflet final. Le score est sévère, mais les sportifs d'un jour n'ont pas la défaite amère. Et pour cause. La rencontre qui s'achève opposait des candidats parisiens aux élections municipales à des SDF et mal-logés. Réunis place des Vins-de-France dans le XII° arrondissement de Paris, les politiques sont venus signer une charte pour le logement proposée par le Secours catholique. Les sans-domiciles eux, sont venus parler de leur situation.
« Je vis à l'hôtel, c'est très sale. Le plafond est troué, des fois il pleut dans la maison ». Un homme lit au haut-parleur des phrases écrites par un jeune enfant. Sur le terrain se succèdent des équipes de candidats Modem, Verts et UMP. Les rencontres sont amicales et les différents partis ne jouent pas les uns contre les autres mais seulement contre les équipes de SDF. « Le but était de provoquer la rencontre, explique Thierry Arnold responsable parisien de l'organisation caritative. Mais aussi de faire prendre des engagements aux candidats. »
Et engagements il y a. La charte est affichée dans une tente non-loin du terrain de foot. Davantage d'hébergements pour les SDF, plus de logements sociaux, prévention des expulsions, réhabilitation de l'habitat insalubre et mise en oeuvre de la loi sur le logement opposable.
Une seule tête de liste sur le terrain
Corinne Lepage, candidate Modem dans le XII° arrondissement, paraphe le texte. D'autres candidats ont déjà approuvé la charte, comme Denis Baupin pour les Verts, Michèle Blumenthal pour le PS ou Jean-Marie Cavada pour l'UMP.
Les familles mal-logées aimeraient bien y croire. Sur le bord du terrain, Soulouha, mère de famille de 42 ans confie: « On vit avec quatre enfants et mon mari dans 25m2. On a aucune intimité depuis cinq ans alors même qu'on est régularisés depuis trois années. » Son fils de 17 ans, Jimmy, sort du terrain en nage. Les Verts ont une bonne défense. « Ils ont trouvé quelque chose pour qu'on puisse se rencontrer et après ils vont peut-être nous aider, analyse le jeune homme. Même si parfois ils ne viennent que parce que les élections sont proches. » « On espère qu'ils vont tenir leurs promesses » conclut sa mère.
C'est au tour de Claude-Annick Tissot, candidate UMP dans le XI° arrondissement d'enfiler les crampons. Elle sera la seule tête de liste à entrer en jeu. Les autres sont restées prudemment sur la touche. L'occasion de vérifier si les élections se gagnent bien au contact, sur le terrain.